L'une après l'autre, un peu partout, les librairies ferment leurs portes, remplacées par la mangeaille sous toutes ses formes, généralement les plus indigestes. Signe des temps : le hamburger détrône le livre. La dernière fermeture en date paraît emblématique : celle de la Librairie "Le Pont traversé" à Paris, que personne ne traversera plus. Librairie que l'on peut dire illustre, où officia jadis l'écrivain Marcel Béalu (1908-1993), ami, correspondant et biographe du poète Max Jacob, auteur de L'Araignée d'eau et de Dernier Visage de Max Jacob (1946). La façade bleue de la librairie attend de se décolorer sous les effets du temps ou de s'abîmer sous la pioche des démolisseurs. Les vitrines sur deux rues, toujours remplies de livres peu communs, vont bientôt devenir veuves. Une nouvelle fois, il faut prendre le deuil.
A moins que...