Loin des invectives célèbres d'Horace Walpole envers Mary Wollstonecraft, "a hyena in a petticoat", Furie ("Alecto") ou "a philosophising serpent", un témoignage peu connu et plus mesuré de la notoriété durable du célèbre Traité de 1792, A Vindication of the Rights of Woman, se trouve dans un obscur journal, The Edinburgh Evening Courant du 19 janvier 1801. Sous forme d'un bref poème de vingt vers signé d'un pseudonyme fantaisiste (Jasperina), on y trouvait le portrait d'une mère de deux jumeaux s'instruisant de ses droits dans le livre de Wollstonecraft. Le raisonnement était simple : puisque l'épouse est apte à partager les préoccupations intellectuelles du mari, culture classique, mathématiques et choses de l'esprit, que celui-ci partage à son tour les occupations domestiques et apprenne à manier "la marmite, la bouilloire et la louche". Et que les deux aient aussi en commun les soucis du berceau :
"Henceforth, John", she cried, "our employments are common,
Be woman like man, and let man be like woman;
Here take up this child, John, and I'll keep his brother;
While I wet-nurse the one, you shall dry-nurse the other".
Ou : chacun suivant ses mérites et ses facultés naturelles. Le poème était intitulé : "The Rights of both Sexes". Peut-être une vague réminiscence rousseauiste est-elle à l'œuvre en filigrane? Le programme, en tout cas, "the kitchen and the cradle", semble révélateur d'un nouvel état d'esprit, fût-ce sur un ton badin.