Les lecteurs du Paradis Perdu savent que les cheveux et les yeux de Milton se sont prêtés à la poésie. Belle façon de survivre dans son corps comme dans son oeuvre! En 1818, John Keats écrit "On seeing a lock of Milton's Hair"; la même année, son ami Leigh Hunt offre un sonnet "To Robert Batty, M.D., on His Giving Me a Lock of Milton's Hair" (il en écrira un autre sur le même thème en 1833) :
There seems a love in hair, though it be dead.
It is the gentlest, yet the stronger thread
Of our frail plant.
Mais le visage sans regard de Milton apparaît aussi dans le célèbre sonnet de l'auteur lui-même (1652) :
When I consider how my light is spent,
Ere half my days, in this dark world and wide
et à Cyriack Skinner en 1655 :
these eyes
Bereft of light, their seeing have forgot;
Nor to their idle orbs doth sight appear
Of sun, or moon, or stars.
On sait moins que, plus de trois siècles après, un autre poète, Stephen Phillips, est revenu sur ce thème dans un beau poème, "Milton, - Blind" (Poems, 1908) :
He who said suddenly, "Let there be light!"
To thee the dark deliberately gave
dans une belle célébration de la cécité commuée en lumière intérieure.