Vers 1885, déjà bien installé dans la vie littéraire de son temps, Paul Alexis n'a de cesse de proclamer son allégeance au Naturalisme. Dès 1878 (Alexis a 31 ans), il projetait de fonder, avec un confrère lyonnais nommé Greppo, un journal évidemment appelé L'Assommoir, sur l'orientation duquel il se dit "fixé" : "satyre! gauloiseries! NATURALISME !!" - ce dernier terme, emblématique, rehaussé par l'emploi des majuscules et deux points d'exclamation. Le projet n'aura pas de suite. En 1882, il offre à Zola un hommage appuyé dans son livre Emile Zola. Notes d'un ami. En 1885, la préface qu'il rédige pour le roman Chair molle de Paul Adam, d'ailleurs sous-titré "roman naturaliste", est une sorte de manifeste pour qui tient " à savoir le fond de [s]on coeur naturaliste". Il y proteste contre les afféteries de style, "le terme bizarre, le mot extraordinaire", allant jusqu'à dire sa conviction "qu'un illettré [...] pourrait écrire un chef d'oeuvre en baragouin et en charabia". Cette préface est datée du 6 février. La même année, quelques mois plus tard, Alexis envisage d'écrire une autre préface dans une lettre récemment apparue, datée du 26 juin, et dont le destinataire demeure inconnu. "Venez quand vous voudrez avec le roman et le romancier. On verra, si ce n'est pas trop mal, d'y aller de sa préface. - Bien entendu, je ne m'engage à rien : il faut voir". Et Paul Alexis, toujours soucieux d'affirmer son obédience naturaliste, le fait ici de deux manières : par une double signature, "Paul Alexis. Pour Trubl'", reprenant déjà à Zola le fameux pseudonyme (Trublot) qu'il gardera durant toute sa carrière de journaliste ; et en forgeant, en guise de formule finale à sa lettre, un adverbe de son crû, hautement caractéristique : "Naturalistement". Il semble que ce nouveau projet soit demeuré lettre morte, aucune autre préface n'existant dans le corpus de l'écrivain.