Burton Ralph POLLIN died in 2009. His considerable work on Edgar Allan Poe has somewhat thrown into shade his pioneering researches about William Godwin. His Ph.D. thesis was devoted to Education and Enlightenment in the Works of William Godwin (1962). Though not entirely flawless, the book drew attention upon the author of Political Justice at an early date. He unearthed and republished Godwin's second novel, Italian Letters, or the History of the Count de St. Julian (1965), rescued from oblivion "four substantial pamphlets which were widely and favourably reviewed at that period" [1783] (Four Early Pamphlets, facsimile reprint, 1965) and Godwin's Uncollected Writings (facsimile reprint, 1968), studied "characteristic onomastic patterns" in the fiction of William Godwin (Tijdschrift voor levende Talen, XXXVII, 1971). His 659-page synoptic bibliography Godwin Criticism (1967) remains a landmark in this field of study. At a time when nobody really cared for Mary Shelley, he published a paper on "Philosophical and Literary Sources of Frankenstein" (Comparative Literature, XVII, 1965), discussed Shelley's sonnet Ozymandias and its relation to Mary's petname "The Dormouse" (The Dalhousie Review, XLVII, 1967). Such achievement is well worth reviving nowadays.
jeudi 8 novembre 2018
samedi 27 octobre 2018
CECI TUERA CELA
En ces temps où il semble de bon ton de prédire, prêcher, prôner la mort de la littérature (voir "Obituaire II", 16 avril 2017), il peut être salutaire de relire (?) les Histoires désobligeantes de Léon Bloy. Désobligeantes en effet, pour toutes les modes passagères de la bienpensance dont on se fait un évangile. Ainsi, l'épigraphe de l'histoire XXVI, "Le Cabinet de lecture", qui déclare sans peur : "La littérature est indispensable". Il n'est pas jusqu'à la tyrannie de l'ordinateur et la malédiction d'Internet qui ne semblent prophétisées dans une autre histoire, XVIII, "Le Téléphone de Calypso", dans laquelle s'ouvre une "parenthèse" destinée à décrire "une lumineuse machine" en passe de "destituer la main des hommes qui n'auront plus du tout besoin d'écrire". Ainsi se trouve "célébr[ée] la gloire d'une usine anglaise qui venait d'exterminer l'Ecriture". Il s'agit en effet d'une extermination, celle de la pensée et de la culture, noyées sous un verbalisme impénitent qui multiplie à plaisir les truismes consternants sous couvert de modernité. Celle de Baudelaire était décidément plus féconde, qui parlait de "dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique", "tirer l'éternel du transitoire".
mardi 31 juillet 2018
"THINGS AS THEY ARE"
I was in a room a moment alone, and my attention was attracted by the pendule. A nymph was offering up her vows, before a smoking altar, to a fat-bottomed Cupid (saving your presence) who was kicking his heels in the air. Ah! kick on, thought I; for the demon of traffic will ever fright away the loves and graces that streak with the rosy beams of infant fancy the sombre day of life; whilst the imagination, not allowing us to see things as they are, enables us to catch a hasty draught of the runing stream of delight, the thirst for which seems to be given only to tantalise us.
J'étais seule un instant dans une pièce et mon attention fut appelée par la pendule. Une nymphe, devant un autel fumant, faisait hommage à un Cupidon à la croupe rebondie (sauf votre respect!), qui semblait se tourner les pouces. Tourne, tourne, pensai-je; car le démon du commerce effarouchera toujours les amours et les grâces qui illuminent des rayons incarnats de leur innocente fantaisie le sombre jour de l'existence; alors que l'imagination, qui ne nous permet pas de voir les choses telles qu'elles sont, nous rend capables de goûter un instant une gorgée de cette fontaine délicieuse, dont la soif ne nous semble être donnée que pour nous en frustrer.
[Mary Wollstonecraft to Gilbert Imlay, August 17, 1794]
dimanche 22 juillet 2018
MARY WOLLSTONECRAFT AND THE "DEMON OF TRAFFIC"
"I hate commerce" (01/01/1794)
"How I hate this crooked business! This intercourse with the world, which obliges one to see the worst side of human nature" (29/12/1794)
"Anything but commerce, which debases the mind, and roots out affection from the heart" (09/01/1795)
"Business so entirely occupies you, that you have not time, or sufficient command of thought, to write letters" (09/01/1795)
"You are so continually hurried with business" (10/02/1795)
"Often do I sigh, when I think of your entanglements in business" (14/06/1795)
"These continual inquietudes of business" (30/12/1794)
[Excerpts from Mary Wollstonecraft's correspondence with Gilbert Imlay]
"How I hate this crooked business! This intercourse with the world, which obliges one to see the worst side of human nature" (29/12/1794)
"Anything but commerce, which debases the mind, and roots out affection from the heart" (09/01/1795)
"Business so entirely occupies you, that you have not time, or sufficient command of thought, to write letters" (09/01/1795)
"You are so continually hurried with business" (10/02/1795)
"Often do I sigh, when I think of your entanglements in business" (14/06/1795)
"These continual inquietudes of business" (30/12/1794)
[Excerpts from Mary Wollstonecraft's correspondence with Gilbert Imlay]
dimanche 27 mai 2018
VIERGE FOLLE OU VIERGE SAGE?
"Chez 99% des hommes, il suffit d'un brin de folie pour rendre une femme piquante, euphémisme pour "désirable"; en dehors de ces fiévreux accès inopinés, bien peu cherchent le bonheur dans une passion nourrie dans leur cœur. Une des raisons, entre autres, qui me font souhaiter voir le sexe faible devenir plus sage, est que les folles, par leur douce folie, ne puissent dérober, à celles dont la sensibilité fait taire leur vanité, les rares roses qui leur procurent quelque consolation sur l'épineux chemin de la vie".
Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, septembre 1793
With ninety-nine men out of a hundred, a very sufficient dash of folly is necessary to render a woman piquante, a soft word for desirable; and, beyond these casual ebullitions of sympathy, few look for enjoyment by fostering a passion in their hearts. One reason, in short, why I wish my whole sex to become wiser, is, that the foolish ones may not, by their pretty folly, rob those whose sensibility keeps down their vanity, of the few roses that afford them some solace in the thorny road of life.
mercredi 16 mai 2018
MALENTENDU
Tu t'aperçois que le chagrin a presque fait de moi une enfant, et que je veux être consolée.
Sur un point, tu te trompes au sujet de ma nature, en imaginant voir de la froideur là où c'est tout le contraire. Car, lorsque je suis blessée par la personne qui m'est très chère, il me faut laisser s'épancher un torrent d'émotions où brille la tendresse, ou bien les étouffer radicalement. Et il me semble que c'est un devoir que de les étouffer, quand je m'imagine avoir été traitée avec froideur.
[Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, janvier 1794]
[Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, janvier 1794]
dimanche 13 mai 2018
DESILLUSION PRECOCE
Tu m'as laissée malade bien que tu n'aies rien remarqué; et le voyage le plus pénible que j'aie jamais fait a contribué à prolonger cet état. J'ai cependant recouvré la santé; mais un rhume mal soigné et une inquiétude continuelle ces deux derniers mois m'ont plongée dans une faiblesse jamais éprouvée auparavant. Ceux qui ignoraient quel ver rongeur était à l'oeuvre en moi m'ont mise en garde contre un allaitement trop long. Dieu protège cette pauvre enfant et la rende plus heureuse que sa mère!
Mais je m'égare; ma tête a le vertige, quand je pense que toute la confiance que j'avais dans l'affection des autres n'a abouti qu'à cela. Je ne m'attendais pas à ce coup de ta part. J'ai fait mon devoir envers toi et mon enfant; et si je n'ai pas en retour quelque affection pour me réconforter, j'ai la triste consolation de savoir que je méritais un meilleur sort. J'ai l'âme lasse, je suis profondément écoeurée; et, n'était cette petite chérie, je cesserais de prendre soin d'une vie aujourd'hui dénuée de tout attrait.
[Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, 9 février 1795]
jeudi 10 mai 2018
LETTRE DE RUPTURE
Comme notre séparation définitive est l'événement de ma vie le plus marquant, je m'en vais t'admonester; et ne qualifie pas de rhétorique le langage de la vérité et du sentiment!
Je connais la valeur de ton intellect et sais bien qu'il est impossible que tu confondes toujours les caprices d'un penchant irrationnel avec la fermeté des principes de conduite.
Tu me dis que je te tourmente. Et pourquoi? Parce que tu ne peux entièrement aliéner ton cœur du mien et sens que la justice est de mon côté. Tu assures que ta conduite n'avait rien d'équivoque. Mais si! Lorsque ta froideur m'a blessée, avec quelle tendresse t'es-tu efforcé d'effacer cette impression? même avant mon retour en Angleterre, tu t'es donné beaucoup de mal pour me convaincre que mon malaise était l'effet d'une constitution surmenée; et tu as achevé ta lettre sur ces mots : "Seules, les affaires m'ont retenu loin de toi. Aborde à n'importe quel port et je volerai pour accueillir mes deux chéries le cœur tout empli d'elles".
En entendant ces assurances, est-il surprenant que j'aie cru à ce que je souhaitais? Je pouvais penser, et j'ai pensé en fait, que tu luttais contre de vieux démons; mais je restais persuadée que la vertu et moi-même aurions finalement le dessus. Et je pense toujours que tu avais une force d'âme qui te rendrait capable de surmonter tes faiblesses.
Crois-moi, Imlay, ceci n'est pas du romanesque, tu m'as témoigné de tels sentiments. Tu pourrais me redonner vie et espérance, et le plaisir que tu en aurais te dédommagerait amplement.
En m'arrachant à toi, c'est mon propre cœur que je perce; le temps viendra où tu regretteras d'avoir rejeté un cœur que, même dans un moment de colère, tu ne peux mépriser. Je voudrais tout devoir à ta générosité, mais pour l'amour du ciel, ne me laisse pas dans l'incertitude! Que je te voie une dernière fois!
[Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, décembre 1795]
[Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, décembre 1795]
mardi 8 mai 2018
LETTRE D'AMOUR
"Le souvenir fait à présent bondir mon cœur jusqu'à toi; mais ce n'est pas à ton visage d'homme d'affaires, bien que je ne puisse sérieusement prendre ombrage des efforts qui augmentent mon estime ou sont plutôt ce que j'aurais dû attendre de ta nature. Non : j'ai devant mes yeux ton honnête visage - tout à trac - que la tendresse adoucit; un peu, tout petit peu blessé par mes fantaisies; et tes yeux brillants de sympathie. Tes lèvres sont plus douces que seulement douces et j'appuie ma joue contre la tienne, oubliant le monde entier. Et je n'ai point négligé sur le tableau les couleurs de l'amour - l'éclat de la rose, que l'imagination a répandu sur mes propres joues, je gage, car je les sens brûler, tandis qu'une larme délicieuse tremble dans mes yeux, qui serait tout à toi si une émotion bienvenue à l'endroit du Père éternel, qui m'a faite née pour le bonheur, ne donnait plus de chaleur encore au sentiment partagé. Mais je dois faire une pause.
Ai-je besoin de te dire que mon âme est en paix après avoir ainsi écrit? Je ne sais pourquoi, mais j'ai plus de foi en ton affection lorsque tu es absent, que présent; mais je pense que force t'est de m'aimer, car, permets-moi de le dire dans la sincérité de mon cœur, je crois mériter ta tendresse, parce que je suis loyale et possède un degré de sensibilité que tu peux voir et goûter."
[Mary Wollstonecraft à Gilbert Imlay, décembre 1793]
samedi 5 mai 2018
POUR BERENICE
Le pharisaïsme et la suffisance de Paul Claudel étaient choses connues; mais on le pouvait penser homme de culture. Las! A lire ce qu'il trouve à dire sur la Bérénice de Racine, dans son journal intime du 12 février 1935, force est de déchanter. Les plus beaux vers de la langue française, "Dans un mois, dans un an" ou "Je crois toujours la voir pour la première fois", deviennent chez lui "un ronron élégant et grisgris". La tragédie de Racine n'est qu'"ennui écrasant" et "ce que je déteste le plus dans la littérature française". Et d'ajouter in fine : "C'est distingué et assommant". Il est pourtant permis de préférer Bérénice à Cinq grandes Odes ou à L'Annonce faite à Marie. Heureusement, un seul vers d'Aragon dans Cantique à Elsa suffit à remettre les choses au point :
L'ombre de Bérénice est plus que Rome grande.
A méditer.
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