Léonard est une personne, j'allais écrire : un personnage, avec lequel il faut compter. La nourriture n'est rien pour lui. Ce qui lui importe, c'est d'être compris. Il s'y emploie, grâce à un langage riche de modulations diverses, proche du langage articulé, parfois demi-gémissement à peine perceptible, unique ou répété suivant les cas, jusqu'à une sorte de feulement rauque exprimant son contentement presque voluptueux à recevoir une caresse. Tous les objets qui l'entourent deviennent alors caressants : le lit, la table, la chaise semblent participer à son plaisir. Il a en tout des préférences, une mémoire, des habitudes qui lui sont propres. Bien campé sur ses deux pattes antérieures, se trouvant tour à tour mélancolique ou vaguement méprisant, tendre ou condescendant, et sachant pour tout la valeur du temps : celui de la proximité ou de l'indépendance, qu'il ne faut contrarier ni l'une ni l'autre.
Léonard et moi avons d'anciennes accointances. S'en souvient-il? Né depuis peu, à peine de la largeur d'une main, il plantait ses petites griffes dans ma jambe de pantalon et se hissait sur mes genoux, où il restait lové de longs moments.
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