samedi 2 décembre 2017

CURSUS HONORUM ET LES FINS DERNIERES

Je reprends la parole après un long silence, afin de célébrer deux sages que rien, ni la géographie, ni les points cardinaux, ni l'époque, ni l'idiome ne semblaient devoir rapprocher et qui tiennent un discours étonnamment semblable. Le premier est Yuan Hong Dao (XVIe siècle) dans sa Lettre à Gu Shaofu :
"Les désirs humains n'ont jamais de terme. Le candidat à l'entrée au collège ne se voit encore que dans la robe noire du bachelier; mais une fois admis au collège, il ne veut plus en rester là. Le licencié s'estimerait heureux dans la tenue sombre du lettré. Mais une fois docteur, il ne veut plus en rester là. S'il n'a pas encore de poste, il limite son ambition à cette première étape, mais le chemin est long à parcourir, il n'en voit pas la fin! S'il a obtenu un poste, son univers devient les résidences dans lesquelles il ne fait que passer, et sa course se poursuit jusqu'à la fin de ses jours. Pourtant, même si la vie se consume à briguer des honneurs, la mort nous ravale tous au même rang. Un enfant pourrait le comprendre".
Le second est Emil Cioran (XXe siècle) dans Ebauches de vertige :
"Plus on progresse en âge, plus on court après les honneurs. Peut-être même la vanité n'est-elle jamais plus active qu'aux approches de la tombe. On s'agrippe à des riens pour ne pas s'aviser de ce qu'ils recouvrent, on trompe le néant par quelque chose de plus nul encore".
Mais ces mots peuvent-ils se heurter aux étalages auto-complaisants que l'on peut lire à longueur de temps sur les "réseaux sociaux"?
Rien n'est moins sûr.

samedi 5 août 2017

PETIT ELOGE DE LA DECADENCE


                                                            

Il y a sans doute quelque paradoxe à faire l’éloge du déclin. Comme dans le titre du célèbre ouvrage de l’historien Edward Gibbon, le déclin précède la chute. Il implique d’ordinaire dégradation, abâtardissement, relâchement, faiblesse, avant la ruine définitive et le néant. La Décadence semble installer la décomposition dans la durée. Il y a des temps ou des siècles de décadence, où l’on décrie ce qu’on avait loué et loue ce qui était décrié. « Les égouts de Paris méritent qu’il s’y passe quelque chose d’illustre. Des personnes qui ont tout vu disent que ces égouts sont peut-être ce qu’il y a de plus beau dans le monde. La lumière y éclate, la fange y entretient une température douce, on s’y promène en barque, on y chasse au rat, on y organise des entrevues, et déjà plus d’une dot y fut prise ».

Ces lignes de Louis Veuillot, dès 1866, cherchent à exalter, fût-ce par antiphrase et de manière parodique, la beauté de la laideur. À la même époque (1862), Théophile Gautier, que Veuillot n’aimait guère, parlait des « belles époques littéraires » considérées comme « définitives » et ajoutait : « Après selon les critiques et les rhéteurs, tout n’est que décadence, mauvais goût, bizarrerie, enflure, recherche, néologisme, corruption et monstruosité ». Il n’y a, en apparence, rien là qui dût être loué. Cette cascade péjorative énumère au contraire tout ce qui va contre la norme, la mesure et la bienséance dans le fond comme dans la forme. Veuillot encore, songeant aux deux observateurs latéraux du tableau de Thomas Couture Les Romains de la Décadence, parlait du « corps souillé » de Rome, « vautré devant eux, crevant de l’excès de la viande et du vin » et de « mourir dans la fange et le vomissement des orgies ». Mais qu’advient-il si, de péjoratifs, les termes de Gautier deviennent au contraire laudatifs et définissent une sensibilité et une poétique nouvelles ? On savait depuis Baudelaire que le Beau est toujours bizarre, depuis les Goncourt que la recherche est une qualité et le néologisme une nécessité, depuis Lorrain que la corruption est un art, depuis Huÿsmans que le monstre est une fascination, depuis Jankélévitch qu’il y a un « bon mauvais goût ». L’éloge de la Décadence pourrait être éloge de l’extrême et de l’excès. Il s’agirait de reculer les limites du bon goût jusqu’à un point de non-retour, d’une pratique systématique et pour ainsi dire journalière de l’oxymore. Les formules de Charles Morice (1888) font date en ce sens : la Décadence, « une naissance dans une agonie », « une aurore dans la nuit » ; mais où la nuit, peut-être, compte plus que l’aurore, et l’agonie, plus que la naissance. L’extrême prend tout son sens, celui de l’onction ou de la dernière heure. Dernière extrémité de la Beauté, du Langage, du Sens, de la Vie. Gautier, encore, le dit très bien : « À nos yeux, ce qu’on appelle décadence est au contraire maturité complète, la civilisation extrême, le couronnement des choses ». « Ultra affiné », dira du décadent Paul Valéry de son côté (1890), « encore vierge des sales baisers du professeur de littérature » : échappant, par là même, à toute tentative de justification ou de réhabilitation, d’une élégance sans nom, refusant d’être enrôlée dans la glose académique. « Un caractère de particularité, de paroxysme et d’outrance », dira encore Gautier, puisque « le beau s’obtient dans l’horreur comme dans la grâce » et qu’il importe de choisir la scélératesse de la jusquiame plutôt que l’honnêteté de la rose.         

vendredi 23 juin 2017

STATUES / 3


Je n’avais pas présent à l’esprit, lorsque j’ai écrit Veturia [voir "Consolation" 20 février 2017], ce ballet pantomime en deux actes et quatre tableaux de Théophile Gautier, que nous a conservé Émile Bergerat et qui s’intitule La Statue amoureuse[1]. C’est à juste titre que Bergerat évoque Mérimée à son endroit ; et le passage, au doigt de la statue, de l’anneau d’or au premier tableau, ne fait que confirmer la « grande analogie ». J’ai aussi adopté cette péripétie (Veturia, p. 26). Mais Konrad (chez Gautier) et Alphonse (chez Mérimée) agissent dans une sorte d’énervement du jeu ou même de transe (Gautier parle même d’un « accès de délire ») où ils ne sont plus eux-mêmes. Alors que Coriolis fait preuve d’un acte conscient et maîtrisé, ne reflétant que le sentiments pur que lui inspire la statue. Celle-ci d’ailleurs, j’ai pris soin de le dire comme pour me disculper à l’avance, n’est pas une Vénus (Veturia, p. 7) et n’a aucun lien avec les puissances occultes. D’ailleurs, contrairement aux deux autres statues, elle ne referme pas le doigt sur l’anneau. De même, dans Veturia, l’épisode de l’anneau ne vient point interférer avec un lien terrestre sacré, fiançailles ou noces prochaines ; et cet anneau fera l’objet d’un attentat de la part de Manon, sera arraché, le doigt brisé, et jeté ensuite par la maîtresse jalouse.

À la différence de Veturia, les statues mises en scène par Gautier et Mérimée ont un caractère maléfique, représentent une déviation ou une sorte de sacrilège. À deux reprises, Konrad, chez Gautier, est ramené dans le droit chemin par un « saint prêtre », lui disant « qu’il a manqué tomber dans une embûche du démon ». Il est même question d’un exorcisme. La Vénus d’Ille a un caractère funeste plus appuyé encore. Mérimée parle de l’« expression diabolique de la dame », de « cette diabolique figure », et même d’« une divinité infernale ». On a clairement affaire ici à la Vénus baudelairienne, proche de l’enfer et héritée de la légende de Tannhäuser, que mentionne d’ailleurs Bergerat. Veturia, au contraire, est bénéfique, inspiratrice, source de joie et représentant une sorte d’impossible idéal, que détruira au dénouement un orage au sens manifestement symbolique. Contrairement au retour à l’ordre (chez Gautier) et à la mort du protagoniste (chez Mérimée), c’est, dans Veturia, la statue elle-même qui est détruite et se désagrège.                    

      




[1] Émile Bergerat, Théophile Gautier. Entretiens, souvenirs et correspondance, Paris, Charpentier, 1879, p. 217-221.

samedi 17 juin 2017

THRENE POUR CHEVELU


Une fois n’est pas coutume. Aujourd’hui, je parlerai d’un chat. Non pas d’un chat de race, d’une bête à concours, d’un chat célèbre ou botté, d’un chat Belaud, Mürr, Barre de Rouille ou Kiki la Doucette. Mais d’un chat ordinaire, d’un chat plébéien, habitant des banlieues, dépourvu de pedigree mais non de gentillesse. Un chat qui dans ma cervelle se promène, mais avec douleur. Un chat obscur de son vivant, dont la gloire est posthume et inscrite au martyrologe. Un chat torturé à mort, pour le plaisir, et les yeux arrachés, devenu, à son corps défendant, son corps lacéré, symbole du mal infligé, du Mal absolu. Rassemblements, silences, cris, poèmes, affiches, dessins et fleurs sont nés spontanément, partout, pour dire l’horreur de ce supplice. Mais ni pouvoirs publics, grands corps politiques, judiciaires, académiques, journalistiques ou universitaires n’ont cru devoir s’en soucier ou seulement faire appliquer la loi. Le félin domestique n’a sa place dans aucun cursus honorum ni aucun palmarès. Il l’aura dans le souvenir de tous ceux qu’a horrifiés cette indicible cruauté.    

dimanche 7 mai 2017

LE MAUVAIS GENRE

En ce temps où congé est pris des textes et de la littérature, et où l'Université n'a plus rien à se mettre sous la dent; où, quand elle parle littérature, c'est de "littérature des bifurs", de "frontières racialisées" et de "stratégie de passage", on se prendrait à désespérer. Mais, le ciel soit loué! il y a le genre, pardon! le Gender, mille pardons! le "genre genré". Et il y a les migrants. Quelle aubaine! Pour faire bonne mesure, marions-les. Et cela donne : "Ecritures migrantes du genre". Le sens est incertain, mais cela paraît chez un éditeur de bon renom, aujourd'hui surtout préoccupé de suivre servilement les modes passagères. J'avoue ne pas savoir ce qu'est une écriture migrante, qui suit "les entames infinies des différences sexuelles", parce qu'il y va "de l'être lettré du vivant". Les maîtres-mots ici sont "déconstruire" et même "dénaître". On le comprend. Et il faut le faire "par croisées comparatives". On imagine le désarroi  des fondateurs de ce  que l'on appelait autrefois la littérature comparée, à entendre parler de "migrance", "exulances"; "co-vivances". Curieux retour, soit dit en passant, de cette finale en -ance, qui retenait jadis l'auteur d'un "Petit Glossaire". Il est vrai que l'on parle aujourd'hui "les langues du dépanneur" (?). Mais il y a heureusement, pour se consoler, les séries américaines, avec lesquelles le genre fait bon  ménage. N'est-il pas question, dans un séminaire parisien, des "approches genrées des genres filmiques et  télévisuels", où l'on apprend que "les représentations genrées battent en brèche les codes de genre"? Les genres, en veux-tu, en voilà. Et l'on dit aujourd'hui "Habemus gender", comme on disait "Habemus papam". C'est tout dire.

dimanche 16 avril 2017

OBITUAIRE II

Il y a un an, je célébrais le service funèbre de l'Université (voir "Obituaire", 26 avril 2016). Aujourd'hui, c'est un autre décès qui retiendra mon attention : celui de la littérature. Et les deux vont de pair. Les signes n'en manquent pas dans la titrologie récente : "La littérature, pour quoi faire?" (2007); Misère de la littérature (2005); La Haine de la littérature (2015); La littérature en péril (2007); L'Adieu à la littérature (2005); et, pour finir, ce titre à valeur de manifeste : Comment parler des livres que l'on n'a pas lus? (2007) 
Cet acte de décès n'est-il pas paraphé par les universitaires eux-mêmes, qui s'ingénient à remplacer la littérature? Le livre (qu'on n'a pas lu) le cède désormais à d'autres objets, la bande dessinée (japonaise, de préférence), la série télévisée (américaine, de préférence) et, pire encore, le graffiti, dont des équipes de nettoyage jadis louées à grands frais gommaient les traces sur les édifices publics, aujourd'hui baptisé "street art". Des vocables à la mode prennent le relais, comme ces "Gender Studies" dont on nous rebat les oreilles dans tous les amphithéâtres de France et de Navarre... ou de Champagne-Ardennes, témoin cette "journée d'études" à l'intitulé navrant : "Gender et séries télévisées",  et située dans une bibliothèque portant le nom de Robert de Sorbon, lequel doit se retourner dans sa tombe, à entendre pareilles billevesées et autres "tropes télévisuels". Et de donner à tout ceci une apparence de science, pour tenter de lui trouver une légitimité.
Je livrerai pour terminer ces paroles pour le moins inquiétantes de Jeffrey J. Kripal, professeur à Rice University, dans son Introduction au livre de Bernardo Kastrup More than Allegory (2016), p. 5 : "Eblouis par les succès technologiques de la science et de l'ingénierie, nous en sommes venus à considérer la réalité comme un composé de nombres invisibles. Tout ce qui est réel se dénombre. Tout ce qui vaut la peine d'être connu peut être mesuré. Tout ce qui ne vaut pas la peine d'être connu ne peut être mesuré. La seule forme réelle de connaissance est mathématique ou scientifique. Tel est en tout cas le postulat. Mais c'est plus qu'un postulat. Au moment où j'écris, le ministre japonais de l'éducation promulgue un décret abolissant tous les programmes tenant aux sciences sociales et aux humanités dans les universités du Japon. Et des soixante universités d'état, vingt-six sont d'accord pour appliquer ledit décret dans une certaine mesure". 
La France va-t-elle suivre ?    

dimanche 26 mars 2017

LATIN MORT VIVANT?

A tous les lecteurs qui m'ont interrogé sur la présence insistante du latin dans mon dernier roman Veturia (mon blog du 20 février), je répondrai ce qui suit.

Veturia, ce n'est pas seulement une plongée dans le monde romain; c'est aussi un effort, peut-être désespéré, de renouer avec la langue latine, que des décrets ineptes ou criminels tendent à reléguer au nombre des choses inutiles. Espèce en voie de disparition, le latin tente ici de survivre, par l'Enéide, Horace ou une lettre de Pline, et, plus encore, par le dialogue muet avec la statue. "Il avait exhumé du fond de sa mémoire quelques bribes de latin" (p. 10). "Le latin venait couramment sous sa plume" (p. 18). "Il eût voulu écrire son roman en latin, afin qu'il ne fût lu et compris que de Veturia" (p. 79). Même Manon, faisant amende honorable auprès de la statue, déplore son ignorance du latin (p. 99-100). Le roman est ainsi un moyen de redonner vie au latin, d'en faire une langue vivante.  
Il faudrait dire : tous les latins. Celui de Virgile comme celui de l'Ecclésiaste, celui de Catulle comme celui du Stabat Mater, celui de Lucain comme celui de Daniel ou du Livre de Job. "Ce n'était pas là le latin de Tite-Live; c'était un latin qu'elle ne connaissait pas et qu'il n'avait pas eu le temps de lui apprendre" (p. 70). Le paradoxe ici est celui d'une Romaine de la République faisant l'apprentissage de sa propre langue, rencontrant un latin inusité qu'on ne parlerait que plus tard. "Veturia ne pouvait certes connaître ni Virgile, ni Ovide" (p. 84). Même Manon, "afin de plaire à Veturia", avait "recherché le latin de Sénèque" dans le De Amicitia (p. 102).
Toute une bibliothèque latine défile ici, de Virgile à Claudien et de Stace à Fortunat, où Lucain, peut-être, se taille la meilleure part. Façon, aussi, d'initier une Romaine de l'époque archaïque au latin tardif. Cette initiation à la Décadence, dont le protagoniste, par délicatesse, gomme les stupres et les brutalités, se résoudrait plutôt en une rencontre avec les afféteries de l'alexandrinisme, Veturia semblant "goûter particulièrement dans Apulée la fable de Psyché, frappée sans doute par le rite secret de la visitation nocturne" (p. 49-50).
Louis-Marie Quicherat et Othon Riemann, le lexicographe et le grammairien, sont aussi convoqués, comme pour donner une assise scientifique au propos romanesque. Le protagoniste du roman, qui en est en même temps l'auteur, de même que l'héroïne Veturia, paraissent pratiquer le Gradus ad Parnassum comme autant d'écoliers jadis sur les bancs de l'école. Le roman Veturia se révélerait ainsi comme un roman d'apprentissage, dans lequel le latin jouerait le double rôle d'instrument de communication rhétorique et sentimentale.  
       

lundi 20 février 2017

CONSOLATION


Je rouvre ce blog après une longue absence, de manière symbolique, sur le thème de la perte. La consolation était un genre très prisé des Latins. Et l'on sait le parti que la philosophie stoïcienne, Sénèque et Boèce en ont tiré. Je raisonnerai aujourd'hui sur deux consolations, l'une ancienne, l'autre contemporaine. En 1797, Sénac de Meilhan écrivait, dans son roman, l'Emigré, une "Consolation philosophique sur la perte de sa bibliothèque". Et je vois, en 2016, sous la plume de Jean-Michel Delacomptée, une Lettre de consolation à un ami écrivain (Robert Laffon).
C'est une étrange lettre que celle du Président de Longueil chez Sénac : la consolation y est presque par antiphrase, puisqu'il ne regrette rien. "Je n'aurais guères profité de mes livres si je ne savais pas les perdre". Et ailleurs : "Les bibliothèques qui contiennent par delà une certaine quantité de livres, peuvent être comparées aux dictionnaires qu'on ne lit pas". La fin de la lettre va même plus loin, dans la pensée et le style de Qohéleth : "Que conclure de ce je viens de vous dire, sinon que rien n'est durable dans le monde, et que les pensées et l'estime des hommes sont comme les flots de la mer qui se succèdent et disparaissent". 
Alors, faut-il regretter de ne point être publié ? ou d'être publié et passé sous un mortel silence? La consolation de 2016 paraît prendre le parti opposé. Elle enseigne en effet, de "ne pas renoncer malgré les obstacles, les impostures, les déconvenues que doit affronter quiconque cherche toujours, avec obstination, à écrire authentiquement". Belle leçon, malgré la présence, au premier rang du palmarès des ventes, d'un roman inepte, dit "feel good", qui va atteindre les cinq cent mille lecteurs (-trices). J'ai comme fait mienne cette leçon en proposant mon roman Veturia à quatre éditeurs et essuyant quatre refus. Les propos du dernier en date m'ont semblé significatifs : "Le thème de ce roman est assez éloigné de ce que nous entendons publier, et l'écriture, fort érudite au demeurant, maintient à distance les lecteurs que nous sommes, avec ses nombreuses citations latines et autres références". Je n'ai pas renoncé et l'ai publié chez un éditeur "intermédiaire" entre le compte d'auteur et l'édition traditionnelle. 

Ainsi me suis-je consolé.