Deux titres pourraient, à eux seuls, résumer la production romanesque - abondante - de René MAIZEROY (1856-1918), romancier et nouvelliste jadis aussi célèbre et lu que Guy de Maupassant, aujourd'hui irrévocablement tombé dans l'oubli. Mort à l'issue de la Première Guerre mondiale, témoin d'une Epoque révolue, dite Belle, Maizeroy a peint sans relâche les libertinages et les tendresses de la "bonne société" sans toujours en celer le tragique. Les deux titres allégués le disent : L'Amour qui saigne, son premier livre (1882) et Des Baisers, du Sang, livre de la maturité (1898). La Femme, sous toutes ses formes, est au centre de son oeuvre : Celles qu'on aime, Celles qui osent, Petites Femmes, Petite Reine, Joujou, La Remplaçante, L'Adorée; quand ce n'est pas La Peau ou Au Bord du lit! Une éloquente titrologie la détaille dans tous ses traits, tous ses gestes et toutes ses attitudes. Les hommes, en revanche, semblent faire moins bonne figure, tel le Claude Thiercey de la nouvelle "Le Feu de Joie" (1909), - longue nouvelle qui se souvient peut-être de Fort comme la Mort -, face à la touchante Madame de Faverel en proie au "mal de vieillir"; ou le Jacques de Violaine de la nouvelle "La Fin de Don Juan" (1883), finissant sa carrière dans un fauteuil à roulettes dans un village de banlieue. Mais les hommes n'ont-ils pas en même temps la caution de Maupassant lui-même, précisément dans une préface qu'il écrivit en 1883 pour... René Maizeroy?! "Jamais on ne me fera comprendre que deux femmes ne valent pas mieux qu'une, trois mieux que deux [...]. N'en garder qu'une, toujours, me semblerait aussi surprenant et illogique que si un amateur d'huîtres ne mangeait plus que des huîtres, à tous les repas, toute l'année".
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