mercredi 18 janvier 2023

Fascination du DERNIER

 Ecrire sur le Dernier  est un aspect du Romantisme.  C'est s'attarder sur ce qui va disparaître avant qu'il ne soit trop tard. Dernier d'une lignée, d'une race, d'une secte, d'un parti, d'un temps. Etre celui qui reste. Avant la célèbre proclamation de Victor Hugo en exil ("et s'il n'en reste qu'un"), le romancier Edward Bulwer, Lord Lytton, auteur du célèbre The Last Days of Pompeii (1834) s'en était fait une spécialité. Suivront Rienzi, The Last of theTribunes (1835), et Harold, The Last of the Saxon Kings (1848). Entre temps, The Last of the Barons (1843)  avait célébré Warwick, The King Maker. 

Mais le plus répandu et sans doute le plus frappant des motifs demeure celui du Dernier Homme. Dernier vivant sur terre et Dernier représentant de l'humanité disparue, que le roman de Mary Shelley The Last Man  (1826) avait illustré, sinon popularisé, dès cette date précoce et sous un titre présent aussi bien en France (Le Dernier Homme de Cousin de Grainville, 1805,  réédité 1811, 1855, de Creusé de Lesser, 1831, de M. D'Aiguy, 1871), qu'en Angleterre ("Darkness" de Byron, 1816, "The Last Man" de Thomas Campbell, 1823, de Thomas Hood, 1835)

     I must turn my cup of sorrows quite up,
     And drink it to the dregs, -
     For there is not another man alive
     In the world, to pull my legs!





jeudi 5 janvier 2023

UN ECRIVAIN NEGLIGE : LEON GOZLAN



Léon GOZLAN (1803-1866)

Romancier attachant, d'une surprenante modernité, représentatif de cet état d'esprit littéraire propre aux années 1840-1870, entre Romantisme et Décadence et dévolu à la Fantaisie, éclipsé malheureusement par l'ombre et les pantoufles de Balzac, dont il fut le secrétaire aux Jardies. D'un humour parfois ravageur, intéressé aussi bien par le paranormal (Une Soirée dans l'Autre Monde, Voyage de M. Fitzgerald à la recherche des mystères) et l'utopie (Les Emotions de Polydore Marasquin), tout en s'en gaussant au besoin et voyant par exemple dans le spiritisme "une biographie universelle en état d'ivresse", jouant à l'occasion sur l'onomastique (Washington Levert et Socrate Leblanc), refaisant après Voltaire le roi Charles XII de Suède, "assez souvent désigné dans les cours d'Allemagne par cette qualification de fou couronné", et publiant dès 1843 le premier roman moderne (Aristide Froissart), - un romancier, disait Barbey, "qui prend un bouchon de liège et en fait sortir le feu du diamant" (Les 40 Médaillons de l'Académie, XXVIII), mais "laissé là par l'Académie" et la postérité...