dimanche 14 février 2016

Renaissance ou Décadence ?

Faut-il se réjouir ou pleurer de voir paraître des romans situés au temps de la Renaissance italienne? Certes, les noms de Marsile Ficin ou de Savonarole au détour d'une page inciteraient le lecteur potentiel à poursuivre sa lecture. La présence de Botticelli dès le titre pourrait au premier abord sembler rassurante, un garant de souci artistique. Mais on s'inquiète d'apprendre que le peintre de la Naissance de Vénus est ici "réputé pour son goût de la farce". Et l'on redouble d'inquiétude en rencontrant l'inévitable "César Borgia et son fidèle Michelotto", prétexte à des clichés aussi spectaculaires qu'éculés, débauches et débordements d'Alexandre VI ou de sa fille Lucrèce. Le nom de Botticelli renvoyait pourtant à Dante, dont il illustra la Divine Comédie. On sait comment s'y trouvait défini le "doux style nouveau", un idéal poétique où la femme, incarnée notamment dans la Béatrice dantesque, apparaissait dans un climat fait de courtoisie et de noblesse d'âme. Ici, Michelotto, amolli sur une banquette, "lutt[e] contre la fatigue du voyage qui, malgré la profusion enchanteresse de seins et de culs, lui plombait les paupières". Et le dialogue entre les deux hommes est à l'unisson : "Michelotto, trouve-moi trois filles baisables et quittons ce tombeau". On s'étonne du parti-pris de vulgarité et de souillure dans la représentation d'une des périodes les plus glorieuses de la spiritualité et de l'art italiens. Et cela, intitulé Codex Botticelli, semble pourtant plébiscité par le public.  

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